Nanto, symboles et significations

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Introduction

Le Nanto Seiken, ou Poing Sacré de l’étoile du Sud, est la seconde des principales écoles d’arts martiaux à entrer en scène dans HNK. Elle semble inspirée, tant sous ses aspects techniques que symboliques par la culture chinoise et, essentiellement, par le taoïsme; mais le védisme indien, l’hindouisme et enfin le bouddhisme japonais, à travers le personnage de Yuria, établit un mélange syncrétique qui rend plus complexe la nature de cette école et la fonction de ses généraux : les 6 maîtres du Nanto Roku Seiken. Il faut donc faire la part de ce que nous apprend explicitement le manga puis de la symbolique utilisée pour le nourrir et l’illustrer afin de conclure sur les enjeux liés au Nanto dans le monde de HNK.

Voilà de quoi vous mettre l’eau à la bouche :

I. Le Poing Sacré de l’étoile du Sud : nature, statut et membres

  • Les propos de Shin et les souvenirs de Kenshirō (tome 1)
  • Les révélations de Rei et Juda (tome 9)
  • Les allusions de Shū et Souther (tomes 10-11)

II. Le Nanto : reflet des relations microcosmiques et aspect féminin de l’équilibre du macrocosme

  • Nanteō, la “louche du Sud”, les 108 étoiles et les colosses Niō.
  • Le Phénix Shujaku et les nombres 5 et 6
  • Le taoïsme et le rouge cinabre
  • Le 6ème maître : Dainichi Nyorai et Pârvati

Conclusion


I. Le poing sacré de l’étoile du sud : nature, statut et fonction de ses membres

Il y a principalement trois étapes au cours desquelles on apprend le statut et le rôle joué par le Nanto Seiken :

1. Le tome 1 : les propos de Shin (p. 159-160) puis le flashback de Kenshirō (p. 178)

005-103Shin nous apprend que Hokuto et Nanto forment un couple d’opposés et il insistent sur cette opposition tandis que Ryûken, à travers les souvenirs de Ken, met plutôt en avant la complémentarité des 2 écoles.

Il s’agit d’une allusion au taoïsme, lequel se fonde sur l’idée d’une solidarité des forces contraires qui traversent et constituent les substances du monde des apparences. Shin l’explicite d’ailleurs en associant et opposant respectivement Hokuto/Yin/féminité/Indra et Nanto/Yang/masculinité/Brahma. En effet, yin renvoie au principe féminin et yang au principe masculin, tandis que les 2 statues des colosses Niō les 2 rois – renvoient à Brahma et à Indra dont le tome 3 (p. 147) nous apprend que le Hokuto en est l’incarnation.

L’assimilation du Nanto au yang se fonde sur l’extériorité radicale de son mode opératoire et donc des dommages qu’il inflige. Toutefois, on verra que cette identification est hâtive et superficielle : car le yin et le yang sont intimement mêlés et s’entre pénètrent, de telle sorte qu’une opposition purement extrinsèque est incapable de rendre compte de leur complémentarité et donc de celle du Nanto et du Hokuto. C’est Shuren qui le rappellera à Raoh (t. 13 p. 88), révélant par là même l’importance fondamentale et le statut tout à fait particulier du 6ème poing sacré.

2. Les révélations de Rei (t.9 p.103 et 183) et de Yuda (t.9 p.136)

D’abord, on apprend l’existence, au sein du Nanto Seiken, d’un groupe de 6 guerriers ou experts au statut particulier : le Nanto Roku Seiken ou 6 Poings sacrés de l’étoile du Sud.
Ces 6 guerriers représentent chacun une étoile faisant partie de la constellation que les Chinois appellent Nanteō – la louche du Sud, eu égard à sa forme – et les Japonais Nanto; Certains membres du site ont découvert, après s’être mutuellement fumé la face, que cet amas d’étoiles n’est pas perceptible comme tel dans le ciel occidental et qu’il fait partie pour nous autres d’une constellation plus vaste, celle du Sagittaire !

On apprend incidemment qu’il existe 108 branches de Nanto correspondant à autant de styles – dont le Nanto Muon Ken utilisé par Golan, le Nanto Sōzan Ken de Beji et Geji ou le Nanto Sōyō Ken des frères Harn.

Puis, Yuda déclare qu’à chaque étoile correspond une qualité ou vertu qui pèse sur la destinée de son représentant, lequel en devient donc l’incarnation.
Enfin, Rei révèle la fonction des 6 Poings sacrés : chacun, en sa qualité d’expert avait pour mission de garder une des 6 portes du palais impérial. La cohésion entre les 6 étoile ne semble pas souffrir la moindre discorde car il suffit qu’un des maîtres fasse sécession pour entraîner la chute des 5 autres, la dissolution du groupe et donc la décadence et l’explosion du Nanto tout entier, le Roku Seiken se trouvant au sommet des 108 écoles.

3. Les allusions de Shū (t. 10 p. 70 et 85) et Souther (t. 11 p. 94 et 143) au statut et à la fonction du Hokuto.

Il est plusieurs fois répété que “quand le Nanto se trouble, le Hokuto paraît“. Mais pourquoi ? La réponse en est donnée par Souther : Les prédécesseurs du Nanto ont toujours été réduits au silence dans l’ombre du Hokuto. Cela semble sous-entendre l’existence d’une tradition codifiant le rapport entre les deux écoles. Voilà donc ce que l’on peut en conclure : le successeur du Hokuto Shinken a pour mission, entre autres, de veiller sur et donc de surveiller les maîtres du Roku Seiken, d’où le fait que le Hokuto soit tenu de sortir de sa réserve et apparaisse au grand jour lorsque que l’équilibre des 6 étoile vient à se rompre.

En résumé :

1. L’école du Nanto Seiken comprend 108 écoles ou techniques spécifiques, soit autant d’étoiles qu’il y a dans le ciel ; ses techniques affectent l’individu dans sont extériorité : elle s’en prend aux tissus et à la matière brute;

2. Au sommet du Nanto, dirigent les 6 experts du Roku Seiken représentant chacun une étoile de la constellation et suivant le destin qui s’y attache. Ces guerriers sont :

  • Shin du Nanto Koshū Ken (poing de l’Aigle solitaire). Il incarne Junsei, l’étoile du Sacrifice ou de l’Offrande et non du Martyr tel qu’il est traduit dans la VF !
  • Rei du Nanto Suichō Ken (poing de l’Oiseau de l’Eau ou Cygne). Son étoile est celle du Devoir ou de la Droiture : Gisei; là encore la VF est fautive en traduisant par étoile de la bonté…
  • Yuda du Nanto Kōkakū Ken (poing de la Grue écarlate). Son étoile, Yōsei, est la plus ambiguë des 6 : c’est l’étoile au rayonnement le plus intense et qui attire le regard, celle de la Séduction ou du Charme, l’étoile ensorcelante, ce qui explique q’elle puisse être indifféremment rattachée à la beauté, la magie, le stratagème ou la Traîtrise, lorsqu’elle déchoit.
  • Shū du Nanto Hakuro Ken (poing du Héron blanc ou Aigrette). Il vit sous le patronage de Jinsei, l’étoile de la Vertu d’Humanité, étoile bienveillante ou étoile de la Bonté ? une fois de plus (de trop ?) la VF nous embrouille en traduisant ça par vertu…
  • Souther du Nanto Hōō Ken (poing de l’Oiseau de Feu ou Phénix). C’est l’ultime guerrier du Nanto (mais non le maître le plus important, et ce malgré la taille et l’éclat de son étoile) : d’une technique et d’une vitesse de réaction et d’exécution incomparable à celle des autres maîtres, il est le seul à pouvoir tenir tête à l’héritier du Hokuto Shinken ou au Général Doré du Gento Kōken. Son étoile, Shōsei est celle du Commandement ou du Général; décadente, elle déchoit pour devenir étoile de la Dictature.
  • Yuria, quant à elle, incarne Jibosei, l’étoile de la Mère aimante ou de l’Amour maternel. Elle est le dernier des 6 maîtres et bien qu’elle ne maîtrise aucune technique guerrière, c’est le plus important des 6 Poings Sacré, à tel point qu’un collège spécial de 5 guerriers est assigné à sa protection toute particulière : ce sont les Nanto Goshasei ou 5 Etoiles du Chariot du Sud.

3. En définitive, les guerriers du Roku Seiken sont placés sous l’autorité du Hokuto qui a pour mission de les poursuivre et de les abattre si jamais ils viennent à déchoir.

4. Tandis que le 6ème maître est destiné à s’unir au successeur du Hokuto Shinken afin d’établir l’alliance assurant l’équilibre de quoi, on ne sait pas trop… Les 2 aspects : opposition et complémentarité sont ainsi représenté au sein même du Roku Seiken par une répartition des statuts qui reflète la supériorité martiale du Hokuto Shinken tout en exprimant la complémentarité affective et symbolique des 2 principes Hokuto/Nord/Indra/Homme et Nanto/Sud/Brahma/Femme.

Cela dit, il reste à examiner l’entrecroisement des références symboliques qui contribuent à faire du Nanto Seiken une entité propre de HNK…


II. Le Nanto, reflet des relations microcosmiques et aspect féminin de l’équilibre du macrocosme

1. Nanteō, la louche du Sud, les 108 étoiles et les colosses Niō.

Il s’agit de la constellation qui, dans la tradition chinoise, décide de la mort de tout un chacun. Ses décisions sont prises par le Gardien du Sud (Yamaraja dans les védas ou Enma Ten au Japon) qui règne sur les Enfers, d’après le rapport de Tsao Kiun, le Seigneur du Foyer. Elles sont exécutées par le Keō Seu ou harponneur des morts. Déjà, on peut remarquer que la symbolique de la Mort, dans HNK, a permuté du Nanto au Hokuto : le sens de la constellation s’en trouve changée.

032-025Ce changement s’opèrent à travers les 108 étoiles incarnées par les experts héritiers des disciplines Nanto. On passe ici à une inspiration qui provient du bouddhisme japonais où l’homme doit se détacher des 108 désirs qui le rattachent au monde terrestre et donc au cycle du samsara et à la souffrance ainsi les 108 perles des rosaires, comme celui de Shaka dans Saint Seiya, symbolisent les 108 souffrances endurées par le Bouddha durant la nuit de l’éveil en 531 av. JC dans sa lutte contre Mara, le dieu du désir et de la mort. Mais l’importance même du nombre semble provenir des religions védique et hindou dans lesquelles 108 est associé au calendrier lunaire et au culte de divinité comme Kâlî-Bhairava. Dans HNK, 108 devient le nombre de qualités (vertus ou vices) dont les rapports reflètent l’état de l’équilibre cosmique et qui trouvent leurs contreparties physique et martiale dans les 108 étoiles et techniques qui constituent le Nanto Seiken. Par conséquent, le Nanto est, dans HNK, la constellation qui préside à la destinée individuelle et aux déterminations microcosmiques le Hokuto ayant la charge de veiller à l’équilibre macrocosmique des forces.

C’est là qu’intervient la symbolique des statues Niō : ce couple évoque Brahma et Indra dont la réunion symbolise l’équilibre cosmique. Or si Indra s’incarne dans le Hokuto, il devient alors logique que le Nanto se veuille l’incarnation de Bhrama. Ce dernier forme en compagnie de Vishnu et de Shiva la trinité majeure ou Trimōrti du panthéon hindouiste (lequel engloutit le védisme et lui succéda en Inde). Grand organisateur ou architecte (mandahta) de l’univers, il trouve son pouvoir suprême dans la méditation et l’abstinence; Dieu impartial et maître du destin, on le représente comme un être lointain et fier dont on ne peut attendre de faveur, ce qui explique que son culte reste peu développé. Dans le védisme, Vishvakarmaman ou Prajâpati, le père du monde, des Déva (dont Indra) et des Ashura, lui sont parfois assimilés. Dans HNK toutefois, il semblerait qu’une partie de son statut soit captée par le Hokuto, et donc par Indra. Il en ressort que son omnipotence se trouve limitée : il ne représente plus l’absolu du réel divinisé mais une force organisatrice procédant du chaos primordial : une sorte de karma dont l’équilibre et le sens général seraient l’affaire d’Indra et du Hokuto.

2. Le Phénix Shujaku et les nombres 5 et 6

Si le Phénix est l’animal totem de Souther, c’est parce que Souther incarne l’essence guerrière du Nanto. En effet, Le Nanto est la constellation gardienne du Sud, or dans l’iconographie chinoise il existe 5 points cardinaux dont quatre d’entre eux sont gardés par ceux que l’on appelle les 4 fauves sacrés tandis que le cinquième, le Milieu, représente le palais de l’empereur. Parmi ces fauves :

  • Seiryû, le dragon bleu, gardien de l’Est
  • Shujaku, le phénix, gardien du Sud
  • Byakkō, le tigre blanc, gardien de l’Ouest
  • Genbu la tortue ou le serpent, gardien du Nord

En outre, la symbolique taoïste lui associe (comme aux autres fauves)

  • une saveur : l’amertume
  • une saison : l’été
  • un climat : la chaleur
  • un élément : le feu
  • un chiffre : le 5
  • un sentiment : la joie
  • une couleur : le rouge cinabre

Le chiffre 5 est particulièrement intéressant pour deux raisons :

1. En Chine, le corps du phénix feng-huang représente les 5 qualités humaines :

  • sa tête, la vertu princière ou royal qu’on retrouve en Souther,
  • ses ailes, le devoir qu’on retrouve en Rei,
  • son dos, la juste pratique des codes du rituel qu’on retrouve en Shin,
  • sa poitrine, la vertu d’humanité qu’on retrouve en Shū,
  • son ventre, la fiabilité qu’on retrouve inversée en Yuda.

Le Phénix est donc le gardien du Sud : on peut dire qu’il représente à lui seul le Nanto tout entier et que Souther l’incarne dans la mesure ou sa technique est la quintessence des styles du Nanto Seiken.

2. Dans le taoïsme, 5 est un chiffre porte-bonheur qui régit la cosmogonie, ce qui explique que lui soit associé le sentiment de joie.

De plus, il se trouve que, toujours dans l’iconographie chinoise, le phénix mâle symbolise le bonheur. Or, dans le bouddhisme japonais héritier des Rig Védas cette fois-ci, il existe 8 divinités du bonheur dont fait partie BishamonTen, dieu guerrier, seigneur des richesses et gardien de la prospérité, chef des Shiten no Ô ( les 4 dieux-roi gardiens des 4 points cardinaux); Bishamonten équivalent dans las védas de Vaishravana, lequel dirige les Chaturmaraja équivalents des Shiten no Ô est le gardien du Nord et le défenseur de la loi bouddhique : il semble que, en assimilant le Hokuto à Indra, Buronson ait dissout la figure de BishamonTen dans celle du dieu du tonnerre pour en faire un des aspects du Hokuto. En outre, BishamonTen est présenté comme le chef des Yaksha ou Yasha : dans l’hindouisme, ces derniers passent pour être des semi-divinités des forêts parfois violentes et cruelles envers les humains, mais ce sont avant tout les gardiens des trésors, ce dont s’est manifestement souvenu Buronson en faisant du Roku Seiken les gardiens des 6 portes du palais impérial.

Cela implique bien que les guerriers du Nanto Seiken même son plus puissant représentant, Souther – sont sous l’autorité ultime du successeur du Hokuto Shinken. Car c’est là qu’intervient le chiffre 6 que le Tao associe au Nord, à la couleur noir laquelle s’oppose au jaune impérial et, pour ce qui nous intéresse, au rouge cinabre du phénix par quoi on voit que Buronson a clairement mis le Nanto, au Sud, sous la dépendance du Hokuto, au Nord.

Toutefois, cela ne rend pas compte de l’existence du sixième maître et, en cela, c’est la nature des 4 fauves et la symbolique du rouge qui va nous fournir une explication…

3. Le taoïsme et le rouge cinabre

Il est précisé que chacun des 4 fauves sacrés ou “doués de spiritualité”, unissent en eux le yin et le yang a des degrés divers. Et là, on tombe sur 2 informations capitales :

  • dans le tao, le yang passe pour être associé au principe masculin, solaire, chaud et le yin au principe féminin, lunaire, humide.
  • dans l’iconographie chinoise, le phénix est soumis à une division de sa symbolique : et si le phénix mâle représente le bonheur, le phénix femelle représente l’impératrice et, à ce titre, se trouve associée au… dragon mâle, lequel représente l’empereur. Or le dragon est l’effigie du Hokuto et se trouve d’ailleurs associé à la Grande Ourse (Alcor comprise) dans le bouddhisme japonais où le dragon Hiryû est une métaphore de Bouddha !

En outre, si le Phénix subit cette division, c’est parce que le rouge cinabre ornant son plumage est associé à une dimension féminine : le rouge sombre est nocturne, secret, femelle. En tant que tel, c’est une couleur matricielle associée à l’idée de renaissance après une mort initiatique – idée qu’on retrouve dans la renaissance du phénix après auto combustion ainsi que dans le Musō Tensei du Hokuto Shinken : c’est donc la couleur de la Connaissance ésotérique, du cœur et de l’âme libidinale. De plus, cette couleur revêt une ambivalence particulière en tant que couleur du sang : caché il est la condition de la vie, répandu il signifie la mort. Le rouge cinabre du phénix est donc en rapport avec la mort. Or l’entité présidant à la mort dans HNK, c’est le Hokuto, qui se trouve ainsi mis en relation de complémentarité avec le 6ème maître du Nanto (symbolique du chiffre 6) et dont la position au Nord, associé à la couleur noir-yin, s’oppose et se complète avec le Sud et le rouge sombre-yin qui s’y trouve assimilé. En cela on peut observer la source de la complémentarité Kenshirō-Yuria.

4. Le 6ème maître : Dainichi Nyorai et Pârvati

Quant au statut et à la nature intrinsèque de Yuria en tant que 6ème maître, cela ne peut être développé ici, mais on peut d’ores et déjà avancer que son personnage semble inspiré du bouddhisme japonais à travers la figure de Dainichi Nyorai (ou Mahavairochana Ttathagata), un bouddha qu’on représente précédé de ses 5 messagers, les 5 grands rois féroces ou Godai Myoō dont Fudō, surnommé l’inflexible, est le chef.
Ensuite, le nombre 108 est associé, dans l’hindouisme, au culte de Kâlî-Bhairava (la terrible). Kâlî est la mère noire terrifiante qui danse, pour le faire revivre, sur le cadavre de son mari Shiva dont elle incarne un aspect de la shakti (c-à-d l’énergie féminine née de lui-même et dont il tire sa puissance) ; cet autre aspect est vénéré sous le nom de Pârvati : fille d’Hirnâvât (l’Himalaya) et mère de Ganesha, dieu de la sagesse, on la surnomme aussi en raison de son ascendance la montagneuse – et pas à cause de ses nichons, d’accord ?!

Elle personnifie les énergies actives de Shiva, s’opposant à Kâlî qui en incarne l’élément destructeur. Elle symbolise donc la nature productrice, génératrice de vie et, en tant que telle, l’épouse aimante. Toutes propriété que l’on retrouve attachées à la personne de Yuria-la mère aimante.
Enfin, on peut remarquer que le nombre 108 est associé à l’origine au calendrier lunaire : celui des puissances femelles. Et le fait que l’ultime fonction du Nanto Seiken s’accomplisse à travers le personnage de Yuria n’a rien d’innocent. Aussi, il ne faut pas prendre au pied de la lettre les déclarations de Shin à la fin du premier volume : elles sont exactes mais approximatives et incomplètes car Nanto et Hokuto unissent chacun en eux le yin et le yang à divers degrés et c’est pour cela qu’en définitive leur alliance est, nécessaire à la garantie de l’équilibre des forces.


Conclusion

On peut distinguer 2 aspects fondamentaux du Nanto dans HNK :

1. Le Nanto est la constellation qui préside aux destinées individuelles :

les 108 étoiles/destinées sont régies par les 6 principales constitutives de la constellation mère. Les déséquilibres de puissance qui découlent des rapports de force entre chaque destin constituent le Nanto mais, si cette entité reflète les hiérarchies et les échanges de puissance au sein du microcosme, elle n’est pas détentrice de la puissance nécessaire pour en assurer l’équilibre à elle seule.

2. Le Nanto Seiken est l’amas d’écoles et de styles de combats qui incarnent martialement cette entité :

Ses 108 écoles correspondent chacune à une étoile et l’ensemble se trouve soumis à l’autorité des 6 principaux experts.

Ces experts, appelés Nanto Roku Seiken représentent chacun une des 6 étoiles de la constellation mère, étoiles dont leur destin individuel incarne le principe. Leur mission consiste à protéger le palais de l’autorité impériale en assurant la garde de chacune de ses 6 portes. Parmi ces 6 maîtres, 5 seulement sont des artistes martiaux; leur supérieur direct est l’héritier du Nanto Hōō Ken, ultime guerrier du Nanto Seiken placé sous l’étoile du Commandement, Shōsei.

Toutefois, sous sa dimension martiale, le Nanto, dont l’animal totem est le Phénix royal gardien du Sud, est placé sous la dépendance ultime du Hokuto, le Dragon impérial gardien du Nord et régent de l’Est et de l’Ouest comme on le verra plus tard. Le successeur du Hokuto Shinken, concernant l’aspect viril/yang du Nanto, est responsable de l’équilibre des forces : si les 6 Poings Sacrés de l’étoile du Sud se brouillent, le maître du Poing Divin de l’étoile du Nord doit sortir de l’ombre où le confine sont statut d’assassin ultime et assumer au grand jour la charge de bourreau cosmique en châtiant les maîtres hérétiques. C’est pour cela que le Nanto Seiken n’est qu’une école sacrée tandis que le Hokuto Shinken est une école divine.

Le Nanto Seiken révèle sa nature ultime à travers le 6ème Maître du Roku Seiken : entité féminine placée sous la tutelle de l’étoile de l’Amour maternel, Jibosei, elle est la représentation brahmique puissance de création et de venue au monde – qui doit s’unir à l’héritier du Hokuto Shinken, représentant d’Indra le garant omnipotent de l’ordre cosmique, souverain de la Mort et gardien du sens de la vie (c’est-à-dire du bonheur, symbolisé par le 6ème maître) – afin de garantir l’équilibre macrocosmique des forces. Ainsi, le Nanto (dont l’art martial trouve sa source et s’exprime dans l’élément yang/extérieur/masculin) trouve son accomplissement ultime dans une entité yin/féminine qui se trouve associée à la figure du Phénix royal féminin au plumage rouge sombre, symbole de l’impératrice, tandis que le Hokuto [dont l’art martial trouve sa source et s’exprime dans l’élément yin/intérieur/féminin (celui de l’énergie combative)] trouve son accomplissement ultime dans une entité yang/masculine associée à la figure du Dragon impérial, symbole de l’empereur.

Au bout du compte on peut dire que le double principe de la complémentarité des contraires et de l’opposition des complémentaires est pleinement conservé. Buronson a vraiment accompli une tâche proprement démiurgique en mélangeant toute ces influences orientales sans sombrer dans un bordel monstre. Le mélange syncrétique de toutes ces influences suffit à montrer, à travers l’exemple du Nanto, la dimension artistique authentique et monumentale de l’entreprise; car il faut bien l’avouer : l’univers de HNK se détache de ses sources et finit par fonctionner parfaitement en toute autonomie, se suffisant à lui-même comme univers de fiction où prend naissance un mythe pour temps à venir !

Michael Gallais
Faites tourner !